Étude des archives communales du XIX° siècle

Cette année, mes recherches sont consacrées aux chemins et aux routes de notre commune. J’ai volontairement relevé toutes les dates dans le but de montrer les difficultés des élus à se faire entendre.

Lors de sa réunion du 27-05-1807, le Conseil Municipal déplore que les travaux demandés en l’An 9 (1801) et autorisés par Monsieur le Préfet, à savoir les réparations des chemins vicinaux et la construction de deux ponts, n’ont toujours pas été réalisés ; les frais étant répartis sur tous les contribuables qui ont, « par le peu d’aisance de la plupart, mis, jusqu’à ce jour, obstacle à ces réparations ».

Une commission est nommée afin de régler les quotités des travaux à réaliser par chaque habitant et de fixer le délai d’exécution en choisissant « les moments les moins utiles pour les travaux des champs ».

Grande Rue
Route de Champagnole

Le Maire, Claude-François Boutin, rappelle que le chemin vicinal Crotenay-Pont-du-Navoy, seule communication pour atteindre la grande route, est interrompu par la destruction du pont qui existait sur le ruisseau dit du Verrioux : ruisseau à peine guéable lors des moindres pluies et impraticable par grandes eaux, « en sorte que dans ces moments-là, Crotenay reste sans communication avec voitures pour la période susdite ».

Il rappelle également la demande faite en l’An 9, concernant le chemin vicinal de Crotenay à Champagnole et la construction d’un pont sur l’Angillon. À l’époque, Champagnole avait refusé de participer aux frais.

Le Conseil fait alors valoir que Champagnole est désormais chef-lieu de canton et qu’un pont est indispensable pour les habitants de Crotenay pour la vente et les achats de denrées au marché de Champagnole. Le chemin est à peine praticable par basses eaux et « dans tous autres temps, il faut faire un détour considérable en longeant la forêt de la Faye et aller emprunter le pont dit de Gratte-Roche ».

Il ajoute que les moyens de la commune ne permettent pas d’acquitter la dépense d’autant plus qu’elle doit entreprendre des travaux urgents à l’église et au presbytère. Les habitants ne pouvant supporter les dépenses cumulées avec les précédentes, le Conseil propose de vendre une partie de bois communal « en Nozeroy » (9 ha ou 25 arpents mesure ancienne).

Lors de sa séance du 10-05-1823 (oui, vous avez bien lu 1823!), le Conseil, considérant qu’il est du plus grand intérêt et pour le bien général, demande qu’il soit fait un rôle pour la somme de 50 F à Jean-Baptiste et Claude-Alexis Fumey pour le rétablissement d’une planche sur l’Angillon qui a été entraînée par les glaces de l’hiver. Cette réparation très urgente est nécessaire pour la communication avec Champagnole et pour les ordres à porter par le messager.

Rue de la Gare

Le 29-06-1836, le Maire demande à l’inspecteur des forêts de l’arrondissement de Poligny quatre pieds de chêne pour le rétablissement de la planche sur la rivière d’Angillon, qui a été enlevée par les grandes eaux, planche d’une grande nécessité pour la communication de cette commune avec Champagnole et pour les facteurs ruraux.

Le 10-08-1837, le Maire informe le Conseil du projet d’ouvrir un chemin à grande circulation de Salins à Dortan passant par Clairvaux, avec deux possibilités pour la Combe d’Ain, passage par la rive gauche ou la rive droite.

Le 02-01-1839, le choix est fixé : la route passera le rive droite !

Lors de la réunion du 19-04-1844, les élus établissent un rôle de prestation pour la réalisation des chemins de grande circulation qui doivent traverser la commune ainsi que pour les chemins de petite circulation : à savoir, trois jours de travail pour les hommes valides âgées de 18 à 60 ans et trois jours de travail pour chaque voiture attelée de deux bœufs ou d’une cheval ou mulet.

Le 04-08-1846, le Maire présente deux projets pour la rectification de la route Lons-Champagnole : Crançot-Mirebel-pont du Navoy ou Crançot-La Marre-Picarreau avec arrivée sur la route de Bletterans.

Le même jour, le Conseil donne son avis sur le choix « rive droite de l’Ain ». La route choisie empruntera deux rampes : celle du Creux du Loup et celle de la côte de Barey où l’on ne voit presque jamais le soleil et sujette aux éboulements. Le projet par Crotenay ne compte aucune rampe et sera, bien-sûr, moins cher.

Le 05-08-1849, le nouveau Maire, Jean-Baptiste David et son Conseil proposent aux autorités le tracé d’un chemin de grande circulation de Crotenay à Montrond pour remplacer « une mauvaise charrière existante ».

Le 06-04-1851, le Conseil alloue deux sommes de 2500 F et de 668 F pour payer les terrains cédés par le Prince d’Aremberg pour les chemins.

Le 08-10-1851, le Maire décide l’élagage et l’élargissement du chemin menant à Montrond, traversant la Faye.

Le 28-06-1852, les élus demandent la modification du tracé de la route de sortie du village, direction Champagnole, nécessité pour en réduire la pente (la route empruntait la rue des tirettes actuelle).

Le 18-12-1853, la commune vote des fonds pour la création d’un atelier d’ouvriers pour empierrer le chemin de Montrond qui est dans un état de délabrement total. Mais le 13-09-1857, le plan du tracé de la route de Montrond est adopté !

En 1858, des travaux sont entrepris à l’entrée du village sur le chemin n°5 Bletterans-champagnole, l’année suivante, un embranchement sur Pont-du-Navoy est prévu au sommet de l’Heute.

En 1861, le Maire, Pierre-clément Boutin, confirme la création du chemin de grande circulation entre notre village et Ardon, chemin demandé en 1854. Il ajoute que « la commune fera un geste, Ardon étant en pénurie ».

Le 10-05-1861, le nouveau Maire, Jean-Baptiste David, expose que le chemin n°2, allant à Montrond, se trouve en retard et en très mauvais état dans la traverse de la plaine de Chaux, qu’il serait avantageux d’y affecter une somme pour en terminer l’ouverture et le nivellement (500 F).

Le 01-09-1861, le Maire lit une lettre du Préfet qui propose le classement du chemin n°23 qui partant de Crotenay aboutirait à Pont d’hély en passant par Montrond et Valempoulières.

Le 07-03-1862, Jean-Augustin Caseaux s’engage à exécuter les travaux d’ouverture et d’empierrement sur le territoire de la commune pour 400 F.

Au cours de la réunion du 10-05-1863, le Maire propose l construction d’un aqueduc à l’entrée de la Praz, dans la traverse du vallon de Tarrare car la pente y est dangereuse en hiver dans les temps de gelée et de neige. En août, les travaux sont confiés à Jean-Joseph Dayet, tailleur de pierre à Crotenay. En septembre, le Conseil prévoit des fonds pour l’amélioration du chemin de la Praz.

Le 08-10-1865, le Maire fait part à son Conseil de la lettre de monsieur l’gent)voyer qui demande des fonds pour l’ouverture du chemin n°23 dans le forêt impériale des Moidons : refus de la commune qui a déjà les frais de l’ouverture de ce chemin sur son territoire.

Le 11-05-1873, une lettre du Sous-Préfet de Poligny demande la reconstruction de la passerelle sur l’Angillon, le Conseil refuse de participer aux frais de reconstruction.

Le 20-05-1891, le Conseil Municipal demande le classement du chemin du lieu-dit Combe-Petit-Claude allant de la route de Champagnole à la gare, chemin très important depuis l’ouverture de la ligne et le déclassement du chemin allant de la Praz à Champagnole, vu que la voie ferrée en emprunte une bonne partie, le rendant inutile.

En 1893, le Conseil prend connaissance d’un rapport relatif à l’achèvement du chemin de Crotenay à Besain, projet peu intéressant pour la commune étant donné qu’on peut se rendre à Poligny en passant par Montrond.

Ces recherches montrent qu’à l’aube du XX° siècle, les principales routes – on parle de chemins – sont tracées. Les travaux ont traîné, souvent par manque d’argent. On remarque que le pont sur l’Angillon n’est toujours pas réalisé, près d’un siècle après la première demande. Il faut mentionner également que les communes situées sur les chemins en question sont fréquemment sollicitées pour tous les travaux effectués sur ces voies : en 1869, on demande 1050 F pour la reconstruction du pont sur la Seille à Voiteur, en 1891, une participation pour la construction du pont suspendu de Jeurre !


Compléments : Etude des archives de la commune 1806-1843.

Les difficultés des communes vis à vis de leur tutelle, l’administration, ne sont pas nouvelles ! L’étude du registre des délibérations du Conseil Municipal nous en apporte bien des preuves.

Lors de la réunion du 27-5-1807, le maire Claude-François Boutin déplore que les travaux demandés en l’An 9 (1801) et autorisés par Monsieur le Préfet, à savoir les réparations des chemins vicinaux et la construction de deux ponts, n’ont toujours pas été réalisés ; les frais supportés étant répartis sur tous les contribuables qui ont , « par le peu d’aisance de la plupart, mis, jusqu’à ce jour, obstacle à ces réparations ».

Une commission est nommée afin de régler les quotités des travaux à réaliser par chaque habitant et de fixer le délai d’exécution en choisissant « les moments les moins utiles pour les travaux des champs » .

Le C.M rappelle que le chemin vicinal Crotenay-Pont du Navoy, seule communication pour atteindre la Grande Route, est interrompu par la destruction du pont qui existait sur le ruisseau dit du Verrioux : ruisseau à peine guéable lors des moindres pluies et impraticable par grandes eaux, « en sorte que, dans ces moments, Crotenay reste sans communication avec voitures pour la période susdite. »

Il rappelle également la demande concernant le chemin vicinal de Crotenay à Champagnole et la construction d’un pont sur l’Angillon. A l’époque, Champagnole avait refusé de participer aux frais.

Le Conseil fait valoir que Champagnole est désormais chef-lieu de canton et qu’un pont est indispensable pour les habitants de Crotenay pour les ventes et achats de denrées au marché de Champagnole. Le chemin est à peine praticable par basses eaux et « dans tous autres temps, il faut faire un détour considérable en longeant la Forêt de la Faye pour aller emprunter le pont dit de Gratte-Roche.

Après délibérations, le Conseil décide de construire « un pont en partie en pierre de taille et en partie maçonnerie au Verrioux et un pont, également, partie pierre de taille et partie maçonnerie, le plus économique possible mais cependant solide sur l’Angillon .

Le Conseil ajoute que les moyens de la commune ne permettent pas d’acquitter la dépense d’autant plus qu’elle doit entreprendre des travaux urgents à l’église et au presbytère. Les habitants ne pouvant supporter les dépenses cumulées , le Conseil décide de vendre une partie du bois communal « en Nozeroy » (9 ha ou 25 arpents, mesure ancienne).

Le même jour, il se penche sur les différentes réparations à réaliser dans la commune. -le versant du couvert de l’église côté nord demande à être reconstruit

promptement et en entier
-le clocher et le porche au devant demandent des réparations au couvert -le beffroi du dit clocher a plusieurs parties à réparer : les planchers qui

divisaient en étages la hauteur sont détruits
– la chapelle, adossée à l’église, de Monsieur de Beaufremont menace ruine les murs de l’église ont besoin d’être recrépis
-le presbytère est presque inhabitable par le mauvais état des planchers,

croisées et portes et surtout par son couvert.
Le presbytère étant « d’une étendue considérable ayant grange, écurie, bûcher, le

Conseil désirerait en diminuer l’étendue lors des réparations.

A cette époque, l’église se trouve sur l’emplacement du cimetière, le presbytère est la maison de messieurs et mesdames Schneider et Grandperrin.

Le compte-rendu de la séance du 15-5-1818 nous informe que la Commune a été obligée de faire refondre la cloche qui était cassée ainsi que des réparations urgentes et nécessaires au clocher.

Dans celui du 12-5-1822, le C.M demande au préfet l’autorisation de couper de vieux arbres pour permettre aux particuliers d’entretenir leurs maisons qui tombent en ruine, de couper dans les forêts du Rizier et de Nozeroy qui sont de très anciens bois dépérissants, le produit de cette vente sera employé aux réparations urgentes et indispensables de l’église et du presbytère qui tombent en ruine pour prévenir les accidents fâcheux que les offices présentent, faute de réparations.

Lors de sa séance du 10-5-1823, le maire Claude-Joseph Boutin , considérant qu’il est du plus grand intérêt et pour le bien général, demande qu’il soit fait un rôle pour la somme de 50 F à J-Baptiste et Claude Alexis Fumey pour le rétablissement d’une planche sur l’Angillon qui a été entraînée par les glaces de l’hiver. Cette réparation très urgente est nécessaire pour la communication avec Champagnole et pour les ordres à porter par le messager.

Comme nous venons de le voir, les réparations de l’église et la construction du pont de l’Angillon n’ont guère avancé en plus de vingt ans !

Le 17-1-1828, le Conseil demande l’autorisation de tirer de la pierre dans la carrière déjà ouverte dans la forêt de la Côte de l’Heute appartenant à la commune pour pouvoir subvenir aux grandes réparations à faire tant à l’église qu’au presbytère ainsi que pour l’usage des habitants. La demande est adressée à son Excellence Monseigneur le Ministre des Finances.

Le 13-2-1829, le maire soumet au C.M les plans et devis dressés par Mr Vielle, architecte à Besançon, des réparations et reconstruction à faire à l’église qui est dans un tel état de délabrement tant par le fait de la charpente dont plusieurs pièces sont rompues et menacent d’entraîner le surplus de la charpente : ce qui serait très dangereux et compromettant pour la sûreté des habitants, ainsi que les murs qui menacent ruine. Plans et devis dressés en date du 18-1-1829 s’élèvent à la somme de 19245.40 F.

Lors de la réunion du 4-9-1829, le maire soumet au Conseil les plans et devis de Mr Dufourg relatif à la construction de l’église de la commune. Le Conseil considérant l’état de vétusté et de caducité de l’église actuelle et, après un mûr examen de l’emplacement qu’il conviendrait d’adopter pour y construire une nouvelle église, a reconnu qu’il est nécessaire de la placer dans une position aussi centrale que possible et à l’abri des inconvénients . En conséquence, plusieurs terrains ayant été proposés pour l’emplacement, le Conseil décide à une forte majorité que la place communale, lieu-dit Sur les Rebourgs, est destinée à recevoir la nouvelle église. Il prie le maire de poursuivre la mise en adjudication des travaux auprès des autorités supérieures. Le devis s’élève à 19883.93 F.

Le 9-3-1830, le maire fait observer devant son conseil que la carrière communale se trouve insuffisante et que la pierre est de mauvaise qualité et en conséquence, il prie Madame Jobez de bien vouloir donner la permission d’extraire de la pierre pour la construction de la nouvelle église dans les carrières déjà ouvertes au-dessus de la Motte de Montsaugeon.

Le 31-10-1830, le maire donne connaissance au conseil qu’il est alloué une somme de 3000 F au budget de 1830 pour la construction de l’église et rappelle qu’ « il est instant de pourvoir à l’exécution des travaux ». Il annonce qu’une somme de 7200 F est créditée au même budget pour la construction d’une Maison Commune et qu’il serait procédé à l’évaluation des matériaux de l’ancienne église pour parfaire la dépense qu’occasionnerait cet établissement.

Sur les budgets précédents, figure une ligne « Loyer de la Maison Commune » 20 F. Où était-elle ?

Le Conseil considère alors qu’il est extrêmement important de se procurer une Maison Commune pour y établir des classes pour l’instruction et l’éducation de la jeunesse des deux sexes, avec logement convenable pour l’instituteur et l’institutrice, une salle de réunion ainsi que des caves pour y déposer les fromages au fur et à mesure de leur fabrication. Cette maison sera construite sur la place communale appelée Près de la Grande Fontaine. Un état estimatif de la valeur des matériaux de l’ancienne église à démolir s’élève à 3120 F.

Importante, cette année 1830 ! Il convient de signaler, cependant, que dès 1825, le traitement de l’instituteur ( 150 F) et celui de l’institutrice (80 F !!!) sont prévus au budget : donc, dès cette date, il existe une classe pour les garçons et une pour les filles à Crotenay ! Impressionnant !

Le 3-2-1833, le maire fait observer que les grandes pluies qui sont tombées précédemment s’insinuent dans les murs du clocher et tombe dans l’église (l’ancienne) ce qui fait mouiller une poutre en sapin qui supporte la tour et la fera pourrir nécessairement si l’on y fait prompte réparation. Les façades côté midi et couchant contenant 53 m de mantelure, le conseil demande à Mr le Préfet qu’elle soit faite en zinc, promptement, sinon cela entraînerait la ruine totale de l’édifice.

Lors de la séance du 12-10-1834, le maire présente le rapport du Sieur Perrard sur l’état actuel de l’église. Il pense que les moyens proposés paraissent insuffisants et que la dépense est inutile voyant que les dégradations augmentent rapidement et qu’en construisant des murs ou des pilastres comme ils sont indiqués cela ne rassurerait aucunement la commune du fléau dont elle est menacée.

Rousset mentionne, dans son Dictionnaire des communes, 1831 pour la construction de la nef de la nouvelle église : or, pas un mot sur l’avancée des travaux dans les délibérations . Le problème le plus important est l’état désastreux de l’ancienne église qui accueille toujours les fidèles !

Le17-8-1835, le Conseil de fabrique* de Crotenay écrit à Monsieur le Sous- préfet de Poligny en ces termes. « La bienveillance avec laquelle vous avez daigné accueillir notre première demande sur l’affaire qui est l’objet de cette lettre nous encourage encore à recourir à vous dans le danger qui nous presse. Il s’agit de prévenir la chute du clocher de notre église, le péril ainsi que vous le savez a été reconnu. La réparation est absolument nulle, les lézardes qui sont des indices du danger ont tellement augmenté que nous ne pouvons nous empêcher de croire que la ruine complète de la tour et de l’église ne soit imminente.»

Le Conseil de fabrique, créé par un décret du 30-12-1809, veillait à l’entretien et la conservation des églises ainsi qu’à l’administration des aumônes.

Le 24-8-1835, dans sa lettre au Sous-préfet, le Conseil municipal déclare : « Dans l’état actuel de l’église, il nous a paru nécessaire d’interdire le culte provisoirement, ce que nous avons fait battre au son du tambour. »

Le 26-8-1835, Monseigneur l’évêque de Saint-Claude décide : « Considérant que la tour du clocher menace ruine et qu’on ne peut plus célébrer les Saints Ministères sans exposer la vie des fidèles et de leur pasteur, nous défendons à Monsieur le Curé de Crotenay de faire aucun office religieux dans la dite église et l’autorisons à aller dire la messe dans une paroisse voisine. En attendant cette époque, nous interdisons formellement la dite église.»

Le 1-8-1836, le maire, Claude Joseph Boutin, déplore le manque de réponse des sieurs Dufour, architecte à Salins et Dormant, entrepreneur à Arbois et suppose que leur silence fait penser que toutes voies de conciliation sont inutiles pourtant la commune ne peut rester plus longtemps sans église.

Le 27-7-1836, les deux intéressés décident d’entreprendre les travaux ; le CM prend acte mais impose une durée de trois mois pour les travaux et une garantie de dix ans.

Lors d’une réunion extraordinaire, le maire fait connaître au Conseil la plainte portée par le Conseil de fabrique dénonçant l’indifférence du maire pour la prompte réparation de l’église. Réaction du Conseil : « Le conseil attristé de ce qu’un homme tel que le sieur Boutin, aussi intègre que zélé dans les fonctions de maire qu’il exerce depuis1812 est ainsi l’objet des calomnies les plus noires comme des plus vils sarcasmes ne peut qu’exprimer le désir de les voir bientôt cesser et que leurs auteurs reconnus pour ce qu’ils sont : la lèpre de la société et par là, les ennemis acharnés de l’ordre et de la prospérité. »

Décidément, l’ancienne église fait monter le ton !
Retour sur la route de Champagnole.
Le 29-11-1836, le maire demande à l’Inspecteur des forêts de Poligny quatre

pieds de chêne pour le rétablissement de la planche sur l’Angillon qui a été enlevée par les grandes eaux : planche d’une grande nécessité pour la communication avec Champagnole et pour les facteurs ruraux.

Toujours pas de pont sur l’Angillon !

Le 24-12-1836, le maire présente le procès-verbal de Mr Pourchat, architecte à Lons qui , à la demande du Conseil de fabrique, a examiné les dégradations de l’église. Le maire accompagné de Mrs Dufour et Dormant a lui aussi examiné avec le plus grand soin toutes ces dégradations et trouve que les travaux déjà commencés sont réalisées par de bons ouvriers et de bons matériaux. Il réplique que si la commune est privée depuis 13 mois d’église, c’est la faute du Conseil de fabrique et du curé Buffet. Par ailleurs, il signale
que «les offices pourraient avoir lieu au presbytère ou dans la salle commune où ils seraient été beaucoup plus décents et où les habitants seraient été à l’abri plutôt que de salles dans le bûcher de Madame de Montet. »

Le 3-12-1838, nouveau rebondissement ! Le Conseil intente une action devant le Tribunal d’Arbois à l’encontre des sieurs Dufour et Dormant pour les faire condamner à démolir et reconstruire à neuf le clocher.

Dans aucun des nombreux comptes rendus des séances du Conseil Municipal,on ne parle de la nouvelle église et…

Le 10-4-1839, le Conseil prévoit une somme pour la décoration et la construction de plusieurs objets( ?) à faire dans la sacristie de la nouvelle église.

Le 4-7-1841, Dufour et Dormant sont condamnés à reconstruire le clocher.

Dans une lettre au Préfet datée du 12-5-1843, le maire l’informe que les sommes récupérées lors du procès Dufour-Dormant ont été utilisées pour reconstruire le clocher et constate que l’église reste en très mauvais état : les gypses de la tour reconstruite récemment tombent, la pluie et les neiges en sont la cause. En outre,il énumère les dommages causés dans la nouvelle église après un hiver désastreux. Un mètre carré au plus de la dernière couche d’enduit serait endommagé par suite d’infiltration des eaux au raccordement de la couverture de la nef avec les murs de la tour. L’introduction de l’eau sur les planchers de la tribune n’est que le produit des pluies à travers les lames des persiennes. Il ajoute : « Ce qui n’est pas étonnant, je le répète encore, pendant un hiver qui a causé des ravages considérables. »

Bonne nouvelle ! La nouvelle église semble terminée . On apprend également que l’hiver 1842-43 a été particulièrement rude.