les châteaux-forts de la vallée de l’Ain et de l’Angillon

Au Moyen-Age, de nombreux châteaux dominaient l’Heute et surveillaient les routes importantes. De ces fières forteresses, il ne reste, hélas, que quelques pans de murs : une rapidepromenade les fera revivre un instant avant qu’elles ne retombent dans l’oubli.


Le château de Chapois

Il fut construit au XIVe siècle, il se composait de plusieurs corps de bâtiments entourant une cour carrée. L’Angillon coulait à ses pieds et était dominé par le village de Garde-Bois. Il surveillait le passage entre Fresse et Joux.

Il fut en partie détruit, durant la guerre de dix ans, par les soudards de Saxe-Weimar, en 1639.

Relevant des terres d’Andelot, Chapois était divisé en trois fiefs : terres des Falerans, des Chamilly et des Lescot. Humbert de Chapois, chevalier, semble être le premier seigneur connu : son nom apparaît, en 1260, lors d’une vente de terres à Jean de Chalon l’Antique.

Par ailleurs, Alphonse Rousset parle d’un château d’Andelot détruit durant la guerre de dix ans, sans le situer. Pourtant, la famille d’Andelot vivait là, dès le XIIIe siècle.


Le château de Vers

Situé au bord de l’Angillon, il se composait de quatre ailes disposées autour d’une cour carrée dominée par un donjon, à chaque angle se dressait une tour très élevée.

Le séjour fréquent des princes de Chalon dans ce château fit de Vers un village très actif : deux foires y avaient lieu, à la Saint-Laurent et à la Saint-André.

Dépendante de Salins puis de Montrivel, Vers fut érigé en seigneurie comprenant Les Nans, Le Moutoux, Le Latet, Le Larderet, une partie du Pasquier et de Treffay.

Château et village furent ruinés, en 1639, par les troupes du Marquis de Villeroy.


Le château du Pasquier

Une forteresse bâtie sur le bord de l’Angillon par un seigneur de Binans donna naissance au village dans la moitié du XIIe siècle. On ne sait que peu de choses d’elle qui fut, pourtant, durant deux siècles, le fief de la famille du Pasquier.

Le Pasquier se divisait en deux seigneuries : celle des Sires de Salins et celle des de Pasquier.

Le château fut détruit sous Louis XI en 1479.

Le château de Vannoz

Le château primitif, probablement en bois, était bâti « Sur la Motta », une éminence artificielle, entourée d’un large fossé. Les seigneurs de Chissey, héritiers de Vannoz, firent construire une forteresse à proximité. La seigneurie dépendait de celle de Montrivel, la famille de Vannoz apparaît dans les archives dès le XIe siècle.

Le château fut incendié par les Français en 1637. Il fut réparé, transformé, entouré de jardins en terrasses par le baron du Pin, en 1679.


Le château de Montrivel.

Il fut construit à la fin du XIe siècle par Simon de Commercy, époux de Nicolette , fille d’Humbert IV de Salins. Il était isolé sur un pic, séparé du reste de la montagne par un fossé. Une muraille flanquée de tours rondes suivait les contours du rocher. La porte, percée dans une tour carrée, précédée d’un pont-levis communiquait avec le bourg.

La Baronnie de Montrivel comprenait le château et le bourg, Champagnole, Equevillon, Saint-Germain, Ardon, Sapois, Ney et Cize.

Château et bourg furent livrés aux flammes par les armées de Louis XI, en 1479.


Château-Vilain.

Simon de Commercy fit construire une nouvelle forteresse sur ses terres qu’il nomma Château-Vilain, du nom d’un bourg situé dans le diocèse de Langres dont son père était le seigneur.

Elle était entourée d’une enceinte qui suivait les bords du rocher. La porte, percée dans une tour carrée, était protégée par une deuxième adossée à un donjon. Un chemin bordé d’épaisses murailles conduisait au manoir fortifié défendu par un deuxième donjon et d’un mur flanqué de tours. Gilbert Cousin, de Nozeroy, secrétaire du philosophe Erasme, écrivait dans sa fameuse « Description de la Haute-Bourgogne connue sous le nom de Comté » que Château-Vilain se composait de deux châteaux.

Du Bourg-Dessous, une route tortueuse gravissait la montagne jusqu’à mi-côte. Là, sur une entaille pratiquée dans le rocher, une porte fortifiée constituait une première défense. A proximité, Le Bourg-Dessus, appelé Richebourg, était clos de murs et fermé à ses extrémités par deux portes protégées par des tours.Entre château et bourg, une petite chapelle castrale datant du XIIe siècle était dédiée à l’Assomption de Notre-Dame.

L’importante seigneurie englobait au XIVe siècle le château, le Bourg-Dessus (Richebourg), Bourg-de-Sirod, Sirod, Conte, Gillois, Lent, Syam, les Planches, Foncine et Sapois.

En 1595, château et bourg furent investis par les troupes d’Henri IV. Durant la guerre de dix ans, Guébriant s’empara de Château-Vilain qui fut repris par le Marquis de Meulin. Les Comtois du Baron d’Arnans pourchassés par Villeroy y trouvèrent refuge.

Le château ne fut pas rasé en 1674, le triste sort réservé à toutes les forteresses comtoises ; Louis XIV n’avait rien à refuser à son allié, l’Abbé de Watteville qui lui avait livré la Franche-Comté ! Cependant, il servit de carrière de pierre pour reconstruire les forges de Bourg-de-Sirod détruite par un incendie en 1803.


Le château de Valempoulières.

Le château s’élevait sur le rebord de l’Heute, ses murs épais protégeaient une place difficile d’accès. Valempoulières formait à lui seul une châtellenie, les Sires de Salins en furent les premiers seigneurs. Après ses échanges de terres chalonnaises avec le Duc de Bourgogne, Jean de Chalon l’Antique en devint le propriétaire.

La place-forte fut rasée sur l’ordre de Louis XI, en 1479. On raconte que ses ruines abritaient, en 1642, le fameux Laroche et sa bande de brigands qui dévalisaient voyageurs et marchands qui circulaient dans la région.

Montrond
Montrond

Le château de Montrond.

Par son mariage avec Béatrix, fille héritière du Duc de Bourgogne, Othon II, Duc de Méranie, devint Comte de Bourgogne, en 1208. La Méranie était un état germanique formé d’une partie du Tyrol et de l’Istrie. Les seigneurs comtois qui aspiraient à la couronne entrèrent, alors, en rébellion contre leur nouveau Comte. Le conflit dura quatre ans. Pour imposer son pouvoir et surveiller ses vassaux récalcitrants, Othon fit construire sur le Mont Rond une forteresse. Une enceinte englobait Montrond-le-Bourg et le château dominé par un colossal donjon carré, percé d’ouvertures romanes.

La seigneurie, outre place-forte et bourg, comprenait Montrond-la-Ville, Besain et Molain.

Tombé aux mains des troupes de Louis XI, le château fut démantelé, son enceinte fut démolie.

Le château de Montsaugeon.

Crotenay était une dépendance de la seigneurie de Montsaugeon, elle-même fief de Monnet. Par ailleurs, La Praz était un arrière-fief de Montsaugeon. Guy, Sire de Monnet, fut le premier seigneur de Montsaugeon, il vécut à la fin du XIIe siècle.

Le château se composait d’une première enceinte, percée au sud d’une porte flanquée de deux tours. Un vaste fossé qu’on traversait à l’aide d’un pont-levis protégeait la seconde enceinte qui enveloppait le donjon carré défendu par quatre tourelles.

Le château fut démantelé par Louis XI en 1479. Tombé aux mains des Français en 1639, après une farouche résistance dirigée par Monsieur de Beauffremont, il fut repris par Lacuzon et le Baron d’Arnans en juillet de la même année. Après la conquête de la province en 1674, Louis XIV ordonna sa démolition.


Le château de Mirebel.

Mirebel fut bâti vers 1208, au début du conflit opposant les grandes familles comtoises et Othon II. C’était un des châteaux les plus considérables de la région, c’était le siège des de Vienne.

Construite sur une crête très étroite, la place-forte comprenait la basse-cour sécurisée par un fossé, surmontée d’un donjon aux ouvertures romanes. Une deuxième cour défendue par un fossé et deux tours rondes précédait la maison-forte. L’extrémité nord de la crête était fermée par un autre donjon, la redoute.

Le bourg construit aux pieds de la forteresse était clos de murs flanqués de tours et percés de deux portes. La ville, elle, était traversée par le grand chemin de Lons à Champagnole.

La seigneurie, très importante était formée du château, du bourg, de la ville de Mirebel, de Picarreau, de Fay, de La Marre et des Faisses (ancien nom de Bonnefontaine). Elle fut le centre d’une vie mondaine et politique intense.

Le château et le bourg furent ruinés par les troupes de Louis XI en 1479 et le donjon en partie détruit par celles d’Henri IV.


Le château de Chalain.

Le château construit au XIVe siècle se composait d’un seul corps rectangulaire. Au milieu de sa façade s’avançait en saillie une tour octogonale qui abritait l’escalier et l’entrée, aux angles deux tours. Sur ceux de la façade postérieure se dressaient deux autres tours.

Les premiers seigneurs de Chalain étaient de la maison de Marigny, branche cadette des Monnet, descendants des Sires de Salins. Sur le territoire de Fontenu, Chalain relevait de la seigneurie de Châtillon.

 Etonnamment, Chalain fut épargné par les troupes de Louis XI, d’Henri IV, de Louis XIII, de Louis XIV. Il fut détruit, à la fin du XIXe siècle, par un incendie.


Le château de Marigny

Dans le lieu-dit « au-dessus de l’étang », s’élevait le château de la famille de Marigny. Il était bâti sur le penchant d’une éminence qui dominait le village à l’est et était entouré d’un fossé. Rousset n’en dit rien de plus !

La seigneurie dépendait, et de celle de Montsaugeon et de celle de Châtillon. Roger et Rodolphe, fils de Guy de Monnet, se qualifiaient tous deux de seigneurs de Marigny.

Château et prieuré, appelé aussi maison seigneuriale, situé près de l’église, furent détruits durant la guerre de dix ans.

Le château de Châtillon-sur-Curtine

Le château fut bâti du IXe au XIe siècle : il est certain qu’il existait déjà en 1130, un titre le mentionne à cette date. A proximité se développa un bourg, Petit Bourg ou Bourg-Dessus. Il dominait le village de Curtine qui fut ruiné par les Grandes Compagnies, bandes errantes de reîtres n’ayant plus de contrat, au XIVe siècle, durant la guerre de cent ans. Le Bourg-Dessus (le village actuel) remonte à la Charte de franchises accordée par Jean Chalon-Arlay, en 1314.

La seigneurie, fief d’Arlay, comprenait le château, les deux bourgs, Curtine, Villars, Marigny, Collondon et Vevy.

La place-forte résista aux attaques des armées de Louis XI en 1479 mais fut ruinée par celles de Saxe-Weimar en1639.


La balade se termine, elle pourrait se poursuivre en s’intéressant aux châteaux de Collondon, de Saint-Sorlin, de Verges, de Binans, de Beauregard …Son but était de vous montrer que notre région était très riche en histoire médiévale. Imaginez un instant la Côte de l’Heute, véritable chapelet de châteaux-forts. Impressionnant, non ?


Sources : L’extraordinaire « Dictionnaire Historique » d’Alphonse Rousset